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29
12
2013

Tel père, tel fils

Source :

Film japonais de Kore-Eda Hirokazu  Titre original : Soshite chichi ni naru Interprètes : Masahari Fukuyama (Ryota Nonomiya), Mashiko Ono (Midori Nonomiya), Yoko Maki ( Yukari Saiki), Lili Franky (Yudai Saiki)   Durée : 2 h 01 Note :  8,5/10   En deux mots : Une nouvelle fois, Kore-Eda Hirozaku nous propose une chronique familiale toute en subtilité. Le réalisateur : Né en 1962 à Tokyo, Kore-Eda Hirozaku est diplômé de l'université de Waseda. Il commence à réaliser de nombreux documentaires pour la télévision. Il tourne son premier long-métrage en 1995, "Maborosi", primé à Venise. Suivent "Après la Vie" (1998), "Distance" (2001), "Nobody Knows" qui vaut à son jeune acteur le prix d'interprétation à Cannes en 2004, "Still Walking" (2008), "Air Doll" (2009) et "I Wish" (2011). Le sujet : Ryota, un architecte qui consacre énormément de temps à son travail, apprend avec sa femme que leur fils de 6 ans a été échangé à la naissance avec le fils d'un couple de conditions beaucoup plus modeste. Les deux familles se rencontrent, et de part et d'autre, s'interrogent sur la décision à prendre. La critique : Kore-Eda Hirozaku s'intéresse depuis longtemps à l'enfance, et aux relations intra-familiales : "Nobody Knows" et "I Wish" prenaient des enfants comme héros de l'histoire, et "Still Walking" décrivait la vie d'une famille arrêtée à la mort d'un fils. La question de la relation entre un père et son fils y était abordée du point de vue de la difficulté de l'adulte à se débarrasser des conséquences de son enfance. Dans "Tel père, tel fils", on retrouve cette problématique avec la visite de Ryota à son père malade, et plusieurs fois le père de son fils biologique lui affirme qu'on n'est pas obligé de reproduire les erreurs de sa propre éducation. Mais depuis "Nobody Knows" et "Still Walking", Kore-Eda Hirozaku est lui même devenu père, et la question de la relation père-fils s'est logiquement déplacée du point d'un adulte vis-à-vis de son jeune enfant, en choisissant la pire des situations possibles : comment réagir quand on apprend que celui qu'on a élevé depuis six ans n'est pas votre fils biologique ? Ce point de départ, qui avait fourni le thème de la comédie d'Etienne Chatillez, "La Vie est un long fleuve tranquille" est pour le moins casse-gueule, surtout si, comme Hirozaku, on y ajoute ses thématiques favorites de la différence de classe et de la relation au travail. Difficile de ne pas sombrer dans le mélo ni dans la leçon de morale, ou encore dans le débat de société entre lien du sang et place de l'éducation. De fait, ces écueils affleurent tout au long du film, et explique la direction prise par le scénario à la moitié du récit. Mais il ne s'agit que d'écueils, et ceux-ci sont magistralement évités par le savoir-faire d'Hirozaku, qui installe les éléments de ce débat par petites touches, à coup de scènes courtes, concentrées, et où les interrogations sont suggérées plutôt que didactiquement explicitées. Ainsi, l'utilisation du piano : Keita, le fils élevé par Ryota, apprend le piano comme beaucoup de petits Japonais de la classe aisée. On le voit répéter, et la caméra plonge sur sa main rejointe sur le clavier par celle de son père. Plus tard, on assiste à son audition au conservatoire, où son exécution est bien laborieuse ; contrechamp sur le visage contrarié du père. Puis un plan d'ensemble pris depuis la scène, avec au premier plan, floue, une toute petite gamine qui exécute un morceau de façon virtuose. Le contraste déclenche le rire, d'autant que dans sa gentillesse naturelle, Keita se tourne vers son père, admiratif, pour constater :"Elle joue bien ?", en même temps que la caméra nous montre la souffrance que cette comparaison fait naître chez son père. J'ai souvent pensé à "Une Séparation" en regardant ce film : même façon de montrer la confrontation entre deux points de vue et deux classes sociales sans juger, en respectant la présentation des raisons de chacun. Même va-et-vient entre la dimension universelle de l'interrogation qui nous est posée, et son inscription dans un contexte très spécifique, là l'Iran des ayatollahs, ici le Japon moderne. Pour préparer cet article, j'ai cherché sur internet des cas semblables, et j'ai lu le témoignage d'une mère française à qui une telle situation était arrivée, et j'y ai retrouvé l'ensemble des thématiques abordées par le film, au premier rang duquel l'inéluctabilité de l'apparition d'un sentiment d'abandon vécu tant par les parents que par les enfants. Comme Asghar Farhadi, Kore-Eda Hirozaku ne juge pas, montrant les forces et les faiblesses des différents protagonistes, et laisse en permanence le spectateur se demander ce qu'il ferait dans une situation semblable. Non content de lui avoir attribué le Prix du Jury lors du dernier festival de Cannes, Steven Spielberg en a racheté les droits pour en faire un remake américain. Le défi est de taille, car il n'est pas certain que le réalisateur d'"E.T." sache y mettre la même subtilité humaniste que Kore-Eda Hirozaku, et vidée de sa délicatesse, ce sujet peut vite sombrer dans le mélo lacrymal.  Cluny


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