Source : A la poursuite du vent
« On ne peut pas lui acheter un toaster automatique ? » Jack Lewis, l’ex-élu de Pennsylvanie reconverti, après la guerre et ses 65 millions de victimes, en homme d’affaires à Londres et devenu, grâce à son immense fortune, le nouveau propriétaire de Darlington Hall, de cette immense demeure qu’il connait bien pour y avoir tenté, lors d'une conférence, de convaincre le Comte Darlington et ses invités de ne pas accepter un rapprochement avec l’Allemagne d’Hitler, car le prix de cet accord « pourrait rapidement devenir exorbitant », et qui, à désormais l’habiter, sauvait du même coup le bel édifice de la destruction - ses héritiers, après le bannissement du Comte pour accointances avec la politique du régime nazi et sa mort survenue dans la solitude la plus extrême, ayant émis le désir de retrancher la noblesse de leur nom de ce lieu qui n’était plus, pour tout le pays, que « le repaire du traitre » - n’a pas tort du tout lorsqu’il propose à Mr Stevens, le majordome de Darlington Hall qu’il a conservé à son service, de fournir à l’assistant de la cuisinière un ustensile qui permettrait à ce garçon de ne plus lui servir, à l'avenir, des toasts brûlés ; brûlés du fait, non pas de son incompétence, mais par la seule faute du temps qu’il peut leur consacrer puisque, pour être resté, avec la cuisinière, le seul vrai dernier domestique de l’immense maison, il est sans cesse obligé de courir entre le four et le moulin [..]