Source : EightDayzaWeek
Rarement a-t-on eu, au visionnage d’Aguirre, la prégnante sensation que le périple représenté fut aussi terrible et insensé que le tournage du film en proposant un point de vue (à lire pour s'en convaincre). Que plus que n’importe quel mondo finalement, n’importe quel Cannibal (fut-il Ferox ou Holocaust), quoique sans en offrir la prétention marketing, le film de Werner Herzog était, lui, un authentique snuff movie (sensation assez proche avec son Fitzcarraldo) !Démente, habitée, immersive, documentée, cette folle production, au mysticisme pas si éloigné de l’autre grand river-movie que constitura (évidemment !) Apocalypse Now (qui opte pour la pop woodstockienne contemporaine plutôt que pour les nappes krauto-prog du barré germain, portant la chose dans un universalisme spirituel et une intemporalité éprouvante), constitue une authentique expérience, pleines d’insane lenteurs (dans les instants les plus quiets (et féminins) on penserait au Pique-Nique à Hanging Rock, analogue dans son ambiance surnaturelle, et son autre « montagne » inquiétante, auquel on aurait greffé l’implacable Delivrance Boormanien), de fureur dissidente et mégalomane (Kinski, illuminé, est à son meilleur), et de minutes rudement hypnotiques [..]